Fiche pratique

Gestion de crise

Beaucoup de situations, et plus particuliĂšrement dans le domaine de la santĂ© qui est le notre, sont des situations provoquant des crises. En voici quelques exemples : l’annonce du diagnostic d’une maladie invalidante ou incurable, l’entrĂ©e dans la phase terminale de la maladie, l’échec thĂ©rapeutique, la nĂ©cessitĂ© de faire appel Ă  des soins palliatifs, le dĂ©cĂšs imprĂ©vu lors d’une intervention chirurgicale, la dĂ©couverte d’un handicap Ă  la naissance

Dans notre pratique de counseling, il nous arrive donc rĂ©guliĂšrement d’ĂȘtre confrontĂ©s Ă  de telles situations qui nĂ©cessitent de notre part des aptitudes et des compĂ©tences spĂ©cifiques.

La premiĂšre intervention en situation de crise est d’éviter Ă  la personne de passer de la crise Ă  une situation extrĂȘme ou Ă  une effondrement la privant de toutes ses capacitĂ©s

Ce dont a besoin une personne confrontĂ©e Ă  une crise, c’est de savoir qu’elle n’est pas seule. Elle a besoin qu’on lui manifeste une preuve d’humanitĂ©.

Mettre des mots sur la situation
 choisir ses mots


Dans leurs souvenirs aprĂšs la crise, les personnes reviennent souvent, y compris plusieurs annĂ©es aprĂšs, sur les mots prononcĂ©s dans la situation de crise en les classant en deux catĂ©gories : les «mots porteurs» et «les mots destructeurs». On a parfois l’impression que ces premiers mots ont une force d’empreinte positive ou nĂ©gative. Les mots positifs sont toujours dans le souvenir des personnes ceux ayant exprimĂ© l’espoir, la confiance en l’avenir, en eux.
Se risquer Ă  dire quelque chose, s’adresser Ă  la partie qui veut s’en sortir
 Un silence trop long, une re-formulation, une question ouverte sont des techniques inadĂ©quates dans une situation de crise. Le conseiller doit se mettre dans la position d’ĂȘtre un point de repĂšre et d’appui.
Cela nĂ©cessite qu’il parle, qu’il verbalise ce qu’il ressent comme Ă©tant le besoin de la personne et y rĂ©ponde, qu’il choisisse un ton de voix qui enveloppe la personne d’une couverture protectrice.
Toute personne en crise a besoin d’entendre des paroles qui arrĂȘtent le crescendo de la crise.

Ex : «Peut-ĂȘtre est-ce que je me trompe, mais j’ai l’impression que vous avez besoin que quelqu’un vous rĂ©assure et vous dise qu’il pense que c’est possible pour vous de faire face à »

ou bien :

«Je vous sens submergĂ©e, perdue,
 mais je sens aussi une partie de vous qui veut s’en sortir
 celle qui est venue me voir» [ou celle qui m’entend ou a besoin de m’entendre – si c’est vous qui avez Ă©tĂ© appelĂ© sur les lieux de la situation].

Il sera possible de commencer ensuite Ă  l’aider Ă  mobiliser ses ressources pour faire face Ă  la crise, c’est Ă  dire seulement lorsqu’au cours des Ă©tapes prĂ©cĂ©dentes, on a tout fait pour rĂ©duire l’état de crise ou de choc.

On dit souvent qu’il y a quatre questions qui viennent à l’esprit d’une personne en crise :

  • Qu’est-ce qui m’est arrivĂ© ?
  • Qu’est-ce qui va m’arriver ?
  • Que va-t-il se passer si la situation ne s’arrange pas ?
  • Mes rĂ©actions sont-elles normales ?
  • Qu’est-ce qui m’est arrivĂ© ?

    Il est important que le conseiller aide la personne Ă  reconstruire le fil des Ă©vĂšnements de maniĂšre Ă  aider la personne Ă  reconstruire ses reprĂ©sentations, Ă  les articuler avec son systĂšme de croyances et Ă  affecter du sens Ă  ce qui s’est passĂ©. Le sens donnĂ© par la personne en situation de crise sera modifiĂ© au fur et Ă  mesure que la personne fait face Ă  la crise.
    L’important Ă  cette Ă©tape est d’éviter le phĂ©nomĂšne du trou noir.

    Qu’est-ce qui va m’arriver ?

    Cette étape est la suite logique de la précédente.
    Elle montre que la personne commence Ă  investir dans un futur possible pour elle, mĂȘme si celui-ci s’exprime d’abord sous forme de craintes, de peurs, d’anxiĂ©tĂ©s.
    Le conseiller pourra Ă©voquer les dĂ©marches concrĂštes qui s’adaptent Ă  la situation de la personne (ex : «je ne sais pas exactement ce que vous allez ressentir mais je peux vous dire que par rapport Ă  ce qui vous est arrivĂ©, il y a une certains nombre de dĂ©marches qui vous sont proposĂ©es comme »). Dire qu’il existe des solutions, mĂȘme si la personne ne peut pas s’en saisir tout de suite, revient Ă  introduire le monde de la rĂ©alitĂ© et a pour effet de rĂ©duire l’anxiĂ©tĂ© qui est trĂšs grande Ă  ce stade.

    Que va-t-il se passer si la situation ne s’arrange pas ?

    Cette Ă©tape est importante car elle correspond au dĂ©centrage de la personne par rapport Ă  la situation Ă  l’origine de la crise.
    C’est le moment opportun pour :
    1 – aider la personne Ă  adopter une autre point de vue sur la situation,
    2 – l’aider Ă  saisir les opportunitĂ©s crĂ©Ă©es par la crise. Toute situation de crise est aussi rĂ©vĂ©latrice de ressources personnelles jamais utilisĂ©es jusqu’alors par la personne parce qu’elle n’en avait jamais eu besoin.

    Mes réactions sont-elles normales ?

    Cette Ă©tape rĂ©vĂšle deux choses. D’une part, la personne a besoin de savoir si elle va survivre Ă  la modification de son systĂšme de croyances qui avaient dĂ©terminĂ© sa conduite et sa vision du monde jusqu’à la survenue de la situation de crise. D’autre part, elle a besoin d’ĂȘtre rĂ©assurĂ©e par rapport Ă  la puissance de ses Ă©motions et de ses sentiments qui peuvent la choquer.

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