Beaucoup de situations, et plus particuliĂšrement dans le domaine de la santĂ© qui est le notre, sont des situations provoquant des crises. En voici quelques exemples : lâannonce du diagnostic dâune maladie invalidante ou incurable, lâentrĂ©e dans la phase terminale de la maladie, lâĂ©chec thĂ©rapeutique, la nĂ©cessitĂ© de faire appel Ă des soins palliatifs, le dĂ©cĂšs imprĂ©vu lors dâune intervention chirurgicale, la dĂ©couverte dâun handicap Ă la naissanceâŠ
Dans notre pratique de counseling, il nous arrive donc rĂ©guliĂšrement dâĂȘtre confrontĂ©s Ă de telles situations qui nĂ©cessitent de notre part des aptitudes et des compĂ©tences spĂ©cifiques.
La premiĂšre intervention en situation de crise est dâĂ©viter Ă la personne de passer de la crise Ă une situation extrĂȘme ou Ă une effondrement la privant de toutes ses capacitĂ©sâŠ
Ce dont a besoin une personne confrontĂ©e Ă une crise, câest de savoir quâelle nâest pas seule. Elle a besoin quâon lui manifeste une preuve dâhumanitĂ©.
Dans leurs souvenirs aprĂšs la crise, les personnes reviennent souvent, y compris plusieurs annĂ©es aprĂšs, sur les mots prononcĂ©s dans la situation de crise en les classant en deux catĂ©gories : les «mots porteurs» et «les mots destructeurs». On a parfois lâimpression que ces premiers mots ont une force dâempreinte positive ou nĂ©gative. Les mots positifs sont toujours dans le souvenir des personnes ceux ayant exprimĂ© lâespoir, la confiance en lâavenir, en eux.
Se risquer Ă dire quelque chose, sâadresser Ă la partie qui veut sâen sortir⊠Un silence trop long, une re-formulation, une question ouverte sont des techniques inadĂ©quates dans une situation de crise. Le conseiller doit se mettre dans la position dâĂȘtre un point de repĂšre et dâappui.
Cela nĂ©cessite quâil parle, quâil verbalise ce quâil ressent comme Ă©tant le besoin de la personne et y rĂ©ponde, quâil choisisse un ton de voix qui enveloppe la personne dâune couverture protectrice.
Toute personne en crise a besoin dâentendre des paroles qui arrĂȘtent le crescendo de la crise.
Ex : «Peut-ĂȘtre est-ce que je me trompe, mais jâai lâimpression que vous avez besoin que quelquâun vous rĂ©assure et vous dise quâil pense que câest possible pour vous de faire face Ă âŠÂ»
ou bien :
«Je vous sens submergĂ©e, perdue,⊠mais je sens aussi une partie de vous qui veut sâen sortir⊠celle qui est venue me voir» [ou celle qui mâentend ou a besoin de mâentendre â si câest vous qui avez Ă©tĂ© appelĂ© sur les lieux de la situation].
Il sera possible de commencer ensuite Ă lâaider Ă mobiliser ses ressources pour faire face Ă la crise, câest Ă dire seulement lorsquâau cours des Ă©tapes prĂ©cĂ©dentes, on a tout fait pour rĂ©duire lâĂ©tat de crise ou de choc.
On dit souvent quâil y a quatre questions qui viennent Ă lâesprit dâune personne en crise :
Il est important que le conseiller aide la personne Ă reconstruire le fil des Ă©vĂšnements de maniĂšre Ă aider la personne Ă reconstruire ses reprĂ©sentations, Ă les articuler avec son systĂšme de croyances et Ă affecter du sens Ă ce qui sâest passĂ©. Le sens donnĂ© par la personne en situation de crise sera modifiĂ© au fur et Ă mesure que la personne fait face Ă la crise.
Lâimportant Ă cette Ă©tape est dâĂ©viter le phĂ©nomĂšne du trou noir.
Cette étape est la suite logique de la précédente.
Elle montre que la personne commence Ă investir dans un futur possible pour elle, mĂȘme si celui-ci sâexprime dâabord sous forme de craintes, de peurs, dâanxiĂ©tĂ©s.
Le conseiller pourra Ă©voquer les dĂ©marches concrĂštes qui sâadaptent Ă la situation de la personne (ex : «je ne sais pas exactement ce que vous allez ressentir mais je peux vous dire que par rapport Ă ce qui vous est arrivĂ©, il y a une certains nombre de dĂ©marches qui vous sont proposĂ©es commeâŠÂ»). Dire quâil existe des solutions, mĂȘme si la personne ne peut pas sâen saisir tout de suite, revient Ă introduire le monde de la rĂ©alitĂ© et a pour effet de rĂ©duire lâanxiĂ©tĂ© qui est trĂšs grande Ă ce stade.
Cette Ă©tape est importante car elle correspond au dĂ©centrage de la personne par rapport Ă la situation Ă lâorigine de la crise.
Câest le moment opportun pour :
1 – aider la personne Ă adopter une autre point de vue sur la situation,
2 – lâaider Ă saisir les opportunitĂ©s crĂ©Ă©es par la crise. Toute situation de crise est aussi rĂ©vĂ©latrice de ressources personnelles jamais utilisĂ©es jusquâalors par la personne parce quâelle nâen avait jamais eu besoin.
Cette Ă©tape rĂ©vĂšle deux choses. Dâune part, la personne a besoin de savoir si elle va survivre Ă la modification de son systĂšme de croyances qui avaient dĂ©terminĂ© sa conduite et sa vision du monde jusquâĂ la survenue de la situation de crise. Dâautre part, elle a besoin dâĂȘtre rĂ©assurĂ©e par rapport Ă la puissance de ses Ă©motions et de ses sentiments qui peuvent la choquer.
DerniĂšre mise Ă jour : janvier 2025
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